Nous touchons la Nouvelle Zélande à Opua, dans la « Bay of Islands ». Ici, car la baie est bien protégée et bien desservie. Bateau et équipage en quarantaine à l’accueil. Nous devons accoster à un ponton isolé sans accès à terre, le temps d’être et d’avoir nos stocks inspectés. La Nouvelle-Zélande appelle ça biosécurité, ils prennent ça au sérieux. On se fait confisquer nos lentilles, notre miel et quelques autres légumineuses. La grande majorité (80%) des arbres, plantes à fleurs et fougères qu’on y retrouve ne poussent qu’ici. Pour les botanistes, c’est comme étudier la vie sur une autre planète. Les autorités tentent donc de limiter l’introduction de compétiteurs.
Il n’y avait que des oiseaux ici avant l’arrivée de l’homme. Sans prédateurs, certains ont développés une attitude assez relax comme le kiwi, leur emblème national. Il ne sait plus voler, fait son nid à même le sol, se déplace lentement et est très fragile. Tout le contraire pour leur sport national, le rugby. Ils sont les meilleurs au monde cette année. Ça joue dur, football américain sans équipement. Tombent comme des mouches pendant le match. Gros plans sur le genou qui plie par derrière, sur le menton fendu. Du travail de gladiateur . Avant chaque partie, les joueurs font une danse guerrière maori avec grimaces et cris, le Haka. Hockey pas populaire ici. S’ils s’y mettaient, le gardien se ferait battre à coup de bâton. À part les joueurs de rugby, ils semblent tous gentils et sont 4 millions.
Les Néo-Zélandais vivent comme nous et sont arrivés ici d’un peu partout. Ils parlent avec un drôle d’accent, hybride australien et anglais. Ils sont accueillants et aiment la pêche et les bateaux. À ce qu’on dit, la Nouvelle-Zélande possède le plus fort taux de bateau per capita au monde. Ils aiment jouer dehors. La mer est facilement accessible. Il n’est pas rare d’apercevoir des gens pêcher en kayak. Leur pays qui s’étend sur 2 îles est magnifique. Ils se le font répéter sans cesse et l’admettent d’emblée. L’UNESCO trouve ça aussi, 10% de la superficie du pays est désigné comme patrimoine mondial. Un pays de contrastes, des palmiers côtoient des glaciers ici.
Nous troquons le voilier pour la voiture et plongeons dans l’île du nord pour quelques jours de camping. Conduite à gauche en Nouvelle-Zélande. Demande concentration, tout est inversé. Le volant, le levier de vitesse, les essuie-glaces, les clignotants. Tout comme les autres touristes, nous signalons habituellement notre intention de tourner en lavant le pare-brise.
C’est joli ici. On y jardine les paysages. À flanc de montagne, des pâturages bordés d’agencement d’arbres aux formes et couleurs variés. Sur leur crête, des rangées de peupliers lombards trônent. Pas de carcasses de voitures, pas de déchets, pas de cour mal entretenue. Coup d’œil toujours réussi. Fiers ces Néo-Zélandais. On ne voit pas de gens de la voirie à l’œuvre, tout est parfait comme par magie. Les grandes plaines vertes sont entretenues par les moutons, plus de 40 millions en NZ. Harponnables ?
Arrêt sur la côte ouest pour voir la forêt de Waipoua et ses arbres géants, les Kauris. Le doyen est âgé de 2000 ans. Il est accompagné de plusieurs frères et sœurs. Cathédrale verte, une forêt dans un arbre. Plus au sud, le « Tongariro National Parc » et sa traversée. Une excursion de 20 km en montagne, marchée en famille à travers le Mordor. Montagnes volcaniques, paysage désolant et grandiose. De là-haut, frappant de voir les gens en bas dans les sentiers. Perspective saisissante.
Kauri Pohutukawa (arbre de Noël Néo-Zélandais)
De retour au nord pour le boulot. Le bateau a besoin de soins. Nous devons réparer la génératrice, la bôme, le gouvernail et refaire le fameux antifouling. Bateau en cale sèche pour 1 semaine, nous avons mis la main à la pâte. Le tout s’est bien déroulé et sans surprises, sauf évidemment pour les factures. Pas de cadeaux pour les gens sur les bateaux.![]()
Remise à l’eau à temps pour Noël. Les Néo-Zélandais nous conseillent la baie de Whangaroa pour les fêtes. Les bateaux-copains Myriam, Meikyo et Spirare y mettent le cap. Nous y louons une cabane en bois sans électricité, éclairée à la chandelle. Une famille suisse campée tout près et un couple de Montréalais exilés à Hong Kong et de passage en Nouvelle-Zélande se joignent à nous pour le réveillon. Vrai Noël d’antan. Pas de neige, ni calèches, ni sapin mais une vraie chorale. Sans accompagnement, sans entraînement, sans retenue, elle compte dans ses rangs des équipages prêts à se dégorger pour la cause.
Et se dégorger, ils firent.
Une mention toute spéciale ici au capitaine du Myriam. Brillant soliste doté d’une voix gutturale, voilée d’un léger éraillement conséquent à l’exercice de son commandement, il porta le chant de Noël dans des registres jusqu’alors inexplorés. Et ce à grand péril, son bonnet de Noël trop lourd pour lui menaçant le lui faire perdre l’équilibre à tout moment.
Et un beau Noël ce fût.
Le temps vint d’aller voir leur autre île. Avons contourné le Cap Reinga au nord pour atteindre la mer de Tasmanie puis piqué toujours plus au sud vers le port de Nelson. Navigation de 4 jours sans encombres et sans agrément. Frrrrrrrrrrrroids furent les quarts de veille. Deux jours après notre passage, une tempête a frappé Cap Egmont avec des vents de 60 nœuds. Nous sommes maintenant sous les hautes latitudes, les 40e rugissants. Nelson fût vu et le bateau amené jusqu’à Waikawa en passant par la « French Pass » et les « Marlborough Sounds ». Des paysages qui rendent muets. Le bateau n’ira pas plus au sud, nous irons en Toyota et camperons sous la tente. Notre bonne amie Lili se joindra à nous pour cette grande aventure.
Pancake Rocks, Punakaiki
Vous nous permettrez de laisser aux images le soin de vous décrire la beauté des paysages. On s’est contorsionné devant l’écran pour chercher les qualificatifs qui leurs rendraient justice mais en vain.
Un glacier bordé par une forêt luxuriante. Contraste dû aux montagnes qui s’élèvent abruptement et condense l’air chargé d’humidité en provenance de la mer de Tasmanie. Les précipitations annuelles y grimpent à 7500mm, alimentant en neige le glacier en altitude et en eau la forêt à ses pieds. Chaussés de semelles à dents d’acier, on y marcha, guidés par un passionné pour qui, son monument à lui, le glacier Franz Joseph est plus beau que la tour Eiffel. Impressionnant débit lié aux eaux de fonte estivale.
La route 6 longe la côte ouest et borde une partie des lacs Wanaka et Hawea jusqu’à Milford Sound. Des kms parcourus en voiture, la bouche ouverte en regardant partout. Des panneaux en bord de chemin sur lesquels on pouvait lire « Caution ! HIGH CRASH RATE !» annonçaient les plus jolis panoramas. Un balai occasionnel d’essuie-glace nous ramenait sur terre et sur la route.
Mirror Lake
Les grandes marches. Nous avons fait la piste Routeburn qui débute près de Milford Sound et se termine à Glenorchy. Un sentier traversant le « Mount Aspiring National Park » et le « Fiorland National Park ». Une marche de 3 jours avec arrêt aux gîtes prévus pour le coucher. Aucune voiture ne passe ici, c’est le domaine de l’hélicoptère.
Randonnée en zone alpine, près des sommets où presque rien ne pousse. Il n’est pas rare d’y vivre les 4 saisons en 1 journée. Les tectoniques ont formé ces alpes, des km de glace les ont sculptées pendant des milliers d’années, le tout s’est retiré et nous y voici privilégiés par une journée calme et ensoleillée. Du magnifique à perte de vue qui nous emprisonne dans l’instant présent. Des moments parfaits.
Vue depuis le Key Summit
Plusieurs campings visités. Après 19 jours de découvertes et plus de 3000 km parcourus, surprise pour le dernier soir. À la recherche d’un endroit où planter la tente dans le village de Hokitika, nous tombons sur un hôpital de 140 ans reconvertit en hôtel/terrain de camping. Bel emplacement au sommet d’une colline avec vue sur la mer. Lieux déserts et à notre entière disposition, incluant la cuisine. Un hôpital à nous. Endroit vivant, plein de vieilles choses. Le lendemain, observons souffleurs de verre à l’oeuvre et ramassons pierres de jade dans la rivière Arahura.
Castel Hill Rocks
Albatros
Nous sommes de retour au bateau, toujours à l’île du sud. Nous traverserons le détroit de Cook et rejoindrons Wellington vers la mi-février.
Consensus à bord sur le coup de cœur. Impératif de visiter la Nouvelle-Zélande. Pas assez loin pour ne pas y venir.
Wow!!! Quelle belles photos....vous avez tous l'air magnifique!!
RépondreSupprimerSuperbe carnet de voyage. Belles photos. Et que dire du texte? Au passé simple en plus!!
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