La nuit sous l’eau à Bonaire.

16 octobre 2010

On a oublié de vous raconter…

Dory

« Avez-vous-tu déjà plongé la nuit ? », « Non, vous y aller ? » « Oui, avec lui sur ce bateau-ci et untel sur celui-là . En gang, c’est moins épeurant, surtout la première fois. On y va à 7h ». Je regarde ma montre pour savoir combien de temps il me reste pour changer d’idée et répond « let’s go ». Pour moi, nager la nuit dans la mer des Caraïbes, c’est pas une bonne idée. On y chasse. En fait, je ne nageais même pas la nuit dans la rivière des Outaouais.

Ceci étant dit, des bateaux de plongée défilent chaque soir devant le mouillage. Au retour l’attitude décontractée du monde à bord laisse supposer que personne n’a été mangé. Nous n’avons pas vu de requin lors de nos plongées de jour et personne n’en parle.

Ceci étant dit, pour moi la mer la nuit, c’est la scène de la baigneuse dans Jaws. Mer calme, grosse bouée de port qui valse et qui fait sonner sa cloche et blonde au superbe maquillage intact qui nage au clair de lune. D’un coup, plus de blonde. Je sais, c’est impossible, le maquillage ne tient pas quand on se baigne. Je sais, j’ai peur pour rien, les chances que ca arrive sont infinitésimales. Mais que celui qui n’a jamais acheté de 6/49 me lance la première pierre.

Ceci étant dit, Mélanie qui ne craint rien du monde animal veut voir de quoi ca a l’air la nuit. « Fred, tu capotes » qu’elle me dit et elle n’a jamais acheté de billet.

Pour passer dans l’autre monde, c’est pas compliqué. Tous les bateaux sont amarrés aux blocs de béton submergés pratiquement au-dessus du récif de corail, on n’a qu’à plonger à partir de la jupe arrière. Pour retrouver la maison, on attache l’extrémité d’un fil au balcon arrière et l’autre à une lampe de poche étanche qu’on laisse couler.

Bien sûr, c’est le calme plat le soir venu. Au moins, pas de pleine lune et pas de cloches. Voilà 7h, « Bonjour les copains, ca va ? voulez une bière ? non ? un fruit ? Ok, après d’abord. »

On s’attirail et…1..2…3 splouch.

Noir comme chez le loup. N’est visible que ce qui tombe dans le faisceau de la lampe de poche. Le seul son entendu est le bruit du détendeur (comme Dark Vader à l’inspiration et comme lorsqu’on se gargarise à l’expiration). Mais où sont-ils tous passés ? Les couleurs, les trillions de poisson, le bal, la magie ? Même feeling qu’entrer dans une discothèque un dimanche après-midi pendant que le concierge fait le ménage. Terne.

En s’approchant du corail, on les aperçoit. Ils sont là, cachés entre les branches, les yeux ronds et grands ouverts. Ca n’a pas l’air d’aller. Il se passe quelque chose. Ils semblent nous dire « t’es malade, c’est plein, va te cacher ailleurs ».

On nage étrangement tous collés. Coup de palme sur la tête, coup de coude dans les côtes. Un banc de plongeur. Espérons que nos bulles écœurent les chasseurs. Eh bien non.

Du coin de l’œil, collé sur notre droite, une masse argentée glisse silencieusement. Environ 4 pieds de long, haut, plat, une sale gueule (sans dents) et tout ce que ca implique de nageoires. Le bonhomme 7 heures. Il poursuit sa glisse le long du faisceau lumineux de notre lampe et hop bouffe un poisson qui cherchait désespérément à aller se coucher.

Coïncidence ? Voyons voir et changeons de direction. Voilà Dory (merci Clarance pour la correction) qui fait sa promenade en mer. Éclairons sa route. Même silhouette qui s’approche doucement et hop, bye Dory. Ils se servent de nos lampes pour chasser. Il y en a 3 maintenant qui nagent avec notre groupe. « Ok gang, on est pas chien, on s’éclaire pas. »

C’est bien pour observer le comportement des poissons la plongée de nuit, mais nous trouvons tout de même que c’est en rien comparable à celle de jour. Pas de lumière, de profondeur, de couleur. Toutefois, ça vaut la peine de l’essayer pour les émotions que ça procure. T’as vraiment l’impression que t’es pas supposé être là.

Annie et Jean, svp ne dites pas à Clarance que Dory s’est fait manger par le bonhomme 7 heures.